BONNARD ET LE JAPON

Rédigé le 08/07/2024
Sophie de Bonnieres

BONNARD ET LE JAPON

LE NABI TRÈS JAPONARD

L’hôtel de Caumont consacre son exposition d’été au peintre français Pierre Bonnard (1867-1947), surnommé par le jeune critique Félix Fénéon le « nabi très japonard ». A travers cette exposition où des œuvres inédites de l’artiste et des estampes japonaises de la collection Leskow se côtoient, le visiteur comprend mieux les liens qui se sont tissés entre le pays du soleil levant et la création artistique du peintre, et on perçoit clairement l’influence de l’art nippon sur ce dernier.

Dès 1860, un véritable engouement naît en France et en Angleterre pour tout ce qui a trait au Japon, notamment avec la participation de ce dernier à l’exposition universelle de 1867. Mais c’est en 1890, lors de l’exposition d’estampes japonaises à l’École des Beaux-arts que Bonnard a une véritable révélation, il se passionne dès lors pour les estampes de l’ukiyo-e « image du monde flottant » et adopte de nouveaux principes d’esthétisme.

Désormais Bonnard intégrera l’esthétisme japonais pour créer des œuvres en rupture avec le naturalisme et l’impressionnisme. Il adopte de nouveaux principes comme la souplesse des mouvements, le contraste des couleurs, les lignes en arabesques, le goût prononcé du décor et des éléments stylisés, ou encore l’aplanissement de l’espace. Dès lors, son style est véritablement empreint de japonisme, terme forgé en 1872 par Philippe Burty pour définir l’impact du Japon sur les arts occidentaux.

L’exposition se termine par un ensemble impressionnant de nus dessinés et peints de Marthe, sa compagne. Prises dans des formats verticaux rappelant les kakemonos japonais, ces silhouettes longilignes jouent avec les cadres des miroirs ou les chambranles des portes, on ressent la jubilation du peintre à représenter ces corps sensuels dénudés.

Peintre du bonheur, Bonnard qui partageait sa vie entre la Normandie, l’Isère et la Côte d’Azur, donna naissance à des œuvres vibrantes avec un sens aigu de la couleur etde ses infinies variations.

On notera la superbe scénographie d’Hubert Le Gall, l’une des plus belles, vue à l’hôtel de Caumont.

Jusqu’au 6 octobre 2024
Hôtel de Caumont – 3, rue Joseph Cabassol – Aix-en-Provence
@
hotelcaumont